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L’HISTOIRE ECONOMIQUE DE MANCHESTER UNITED

La construction de Manchester United, devenue l’un des clubs les plus riches du monde ne s’est pas faite sans soubresaut. D’abord par le mécénat, puis par l’actionnariat, ensuite à travers la bourse où pendant un temps, les supporteurs ont pu détenir des actions et possédaient 2 à 3 % de part pour actuellement être aux mains d’un millionnaire américain.

Voici l’histoire de la construction de l’entreprise Man Utd en cinq partie :

Première partie : 1878-1945 – Le temps des mécènes
Deuxième partie : 1946-1989 – La dynastie des Edwards
Trosième partie : 1990-1999 – La période boursière
Quatrième partie : 1999-2008 – La main mise de la famille Glazer
Cinquième partie : 2008-20xx – Dans l’attente d’une nouvelle
ère

À l’origine, MANCHESTER UNITED a été crée en 1978 par des travailleurs de la compagnie de chemins de Fer de Newton Heath Lancashire et Yorkshire. Newton Heath est situé dans la banlieue ouvrière du nord-est de Manchester. Un des fondateurs s’appelait Frédrick ATTOCK. Il est super-intendant à la compagnie. Le club est alors un club de football et de cricket. Il adopte un statut du type association à but non lucratif. Nous sommes en 1882.

Première partie : 1878-1945 – Le temps des mécènes

Le club vit entre 1892 et 1902 cahin-caha de prêts de banques et de donateurs généreux. Premier match à North Road près de la compagnie jusqu’en 1893 puis à Bank Street à Clayton. 1984 participation aux premières coupes. L’année suivante, le club adopte le statut professionnel mais a des difficultés pour rentrer dans le tout nouveau championnat. Ce sera fait en 1898 et en 1989, le club se transforme logiquement en société anonyme à responsabilité limitée sous le nom de Newton Heath FC company Limited. Thomas Conelly en est le 1er président et Alfred Herbert Albut son premier directeur. Ce rôle de directeur va s’avérer éminent dans l’histoire du club car c’est lui qui le dirige. Le club recueille alors le financement d’environ deux cents « actionnaires » dont les principaux sont des brasseurs de Manchester. L’irrégularité des résultats freine le nombre de spectateurs pourtant de l’ordre de 5000 par match ! Mais la concurrence avec un club voisin Ardwick Fc est forte (futur Manchester City). Billy Meredith attire plus de 15 000 spectateurs à City. Cela plombe les finances.

Janvier 1901, le club, sous la présidence de William Hadley, traverse sa première crise financière. Le club a plus de 2800£ de dette. Il est au bord de la banqueroute, une collecte organisée par le capitaine de l’équipe, Harry Stafford, ne suffit pas. Mais sa rencontre avec John Henry Davies, patron d’une brasserie, va être déterminante. JHD rembourse les dettes. Mécène à la recherche d’une notoriété à travers le football, il fait changer le nom du club qui devient Manchester United FC le 28 avril 1902. Puis en 1910, le club quitte le terrain de Bank Street pour Old Trafford grâce à John Henry Davis qui finance sa construction. John Henry Davis décède en 1926 alors qu’il était devenu actionnaire majoritaire. G H Lawton, expert-comptable, qui a exercé les fonctions de directeur de 1907 à 1927, lui succède.

Le club connaît aussitôt une deuxième crise financière, toujours à cause de ses mauvais résultats. Au début de l’année 1930, le stade est près d’être vendu aux banques pour faire face à la dette. Le club est alors sauvé par James Gibson, un manufacturier, sous la forme d’un prêt. Puis dans la foulée, James Gibson nettoie la dette et prend la tête du club. James Gibson n’est pas issu du monde du football mais il aime le sport et se fait accepter par les supporteurs. Il augmente notamment le capital du club en vendant des actions à des hommes d’affaires mais également aux supporteurs.

Deuxieme partie : 1945-1989 – La dynastie Edwards

Troisième crise financière en 1946 au sortir de la guerre, il faut tout reconstruire, à commencer par Old Trafford. James Gibson est toujours aux commandes mais au niveau sportif, Matt Busby arrive.

À défaut de pouvoir acheter des joueurs, il ira recruter des jeunes pour les former. James Gibson sera président jusqu’à son décès en 1951. Il est remplacé par H P Hardman, avocat, et ancien joueur de football et directeur du club de 1934 à 1951.

Matt Busby avec l’équipe victorieuse de la FA CUP 1948

Louis Charles Edward prend de l’importance au sein du club pour en devenir le directeur en 1958. À partir de 1961, est créé MUDA (Manchester United Development Association) dont la vocation est de collecter de l’argent, principalement en gérant une loterie.

Les supporteurs sont mis à contribution par ce biais. Pour trouver encore plus d’argent, l’idée de construire des loges fait son apparition lors de la réfection de Old Trafford pour la coupe du monde 1966. MUDA sera quelques années plus tard à l’origine de la construction du premier magasin de souvenirs en 1967.

En même temps, Edwards manœuvre pour devenir actionnaire majoritaire. Le club dépose la marque « Manchester United » en 1968. Puis le club crée un département commercial confié à Bill Burke, fondateur de MUDA. Admiral est le premier équipementier sous contrat en 1975, puis Sharp en 1982 devient le premier sponsor maillot. Le musée est inauguré en 1986 et le catalogue des produits dérivés est lancé en 1988.

En 1965, au décès de Hardman, Louis Charles Edwards prend la présidence. C’est un puissant businness man de l’industrie alimentaire (dans la boucherie). Il a manœuvré entre 1962 et 1964 pour racheter des parts du club pour en devenir l’actionnaire majoritaire.

Martin Edwars avec tous ses trophées

Sa gestion correspond à une période glorieuse sous l’égide de Matt Busby, ce qui crée quelques luttes de pouvoir entre eux. Louis fait rentrer son fils, Martin dans le board en 1970 suivis par Matt Busby en 1971. Martin gravit les échelons et devient directeur en 1970.

Louis Charles Edwards meurt brutalement en 1980 et son fils, naturellement, lui succède à la tête de MUFC, étant devenu l’actionnaire majoritaire. Martin Edwards au large salaire et ayant viré un manager populaire s’est attiré les foudres des supporteurs. Martin Edwards a décidé de faire profits. Il en détient en 1989 51% .

Troisième partie : 1990-1999 – La période boursière

Martin Edwards en ce début 1989 cherche à vendre ses actions. Un premier acheteur se manifeste, prêt à en racheter pour 10M£. Robert Maxwell, patron du journal « Daily Mirror ». Cette OPA échoue. Les deux hommes ne parviennent pas à se mettre d’accord.

Été 1989, la presse annonce la vente de Man Utd pour la somme de 20M£. Le nouveau propriétaire s’appelle Michael Knighton. Ancien footballeur, il est devenu riche agent immobilier basé sur l’Isle de Man. Le Président de Man Utd, Martin Edwards recevrait 10M£ pour ses actions mais il resterait comme directeur. La vente de ses actions marquerait la fin du contrôle de la famille Edwards sur le club. Pourtant, Martin Edward annonce au cours d’une conférence de presse que c’était une triste décision mais qu’il croyait qu’une nouvelle direction et de nouvelles bases financières permettraient au club d’aller encore plus loin.

Le nouveau propriétaire promet d’injecter 10M£ pour moderniser Old Trafford mais finalement, l’OPA ne se fait pas. Une des banques lâche Knighton. Knighton deviendra le patron de Carlisle United qui fera une brève apparition en Premier League.

Edward tente alors de convaincre Whelan, le patron de la chaîne JBB (le décathlon anglais) qui a une stratégie de développement sur l’Ile mais Whelan renonce. Il deviendra 10 ans plus tard le patron de Wigan FC.

Le passage en bourse du club le 31 mai 1991 marque une profonde évolution dans le club avec la création d’une structure à deux têtes : Manchester United PLC (Public Limited Company) et MUFC.

Ce passage en bourse est motivé par la recherche du fonds en ouvrant le capital pour agrandir Old Trafford ( 10M£ sont nécessaires) et aussi par la volonté de Martin Edwards de valoriser ses parts pour mieux les revendre. 2 597 404 actions sont vendues pour une valeur de 3£75.

Professor Sir ROLAND SMITH, Chairman; DAVID GILL, Finance Director; MARTIN EDWARDS, Chief Executive and PETER KENYON, Deputy Chief Executive,

Martin Edward laisse alors la présidence. Le nouveau chairman est Sir Romand Smith, ancien patron du groupe Rover. Il est secondé par P Kenyon ex-directeur de Umbro comme directeur. David Gill, expert financier prend la direction des finances du club. Cela marque l’arrivée de personnes issues du monde des finances et de la gestion d’entreprise.

Cette entrée en bourse est d’abord un désastre. Seuls 44 % des actions proposées trouvent preneurs, et, le premier jour de cotation, le titre perd 17 %.

Le club entame alors une mue radicale. La direction décide de lui rendre sa compétitivité sportive en s’appuyant sur un socle financier solide. Elle s’entoure de financiers de la City, qui élaborent un projet de développement basé sur la rigueur budgétaire. Alors même que, partout en Europe, les clubs commencent à se lancer dans l’inflation salariale, les salaires sont limités à 50 % du chiffre d’affaires. L’idée est alors de réinvestir les bénéfices dégagés par cette rigueur dans le développement du chiffre d’affaires par l’agrandissement du stade et par l’élargissement de l’offre de produits dérivés. L’élément sportif n’est évidemment pas oublié afin que les clients, c’est-à-dire les fans, soient de plus en plus nombreux.

Ce pari, hautement risqué en 1990-1991, est finalement relevé de main de maître. Entre 1990 et 1995, le chiffre d’affaires est multiplié par 5,2 sans alourdissement de la dette ! La réussite de ce démarrage repose d’abord sur le capital de sympathie du club, qui, d’emblée, peut trouver des clients un peu partout en Europe. Une situation que Claude Boli explique par les succès passés du club, ses joueurs charismatiques (Bobby Charlton, George Best, Dennis Law) et le drame de Munich en 1958, où l’équipe fut décimée dans un accident d’avion. La ferveur est entretenue par les premières victoires sportives, en Coupe des Coupes en 1991, puis, en 1993 et 1994, en championnat. Des succès acquis à bon compte puisque l’entraîneur Alex Ferguson, arrivé en 1986, s’appuie principalement sur des joueurs issus du centre de formation, donc bon marché. Enfin, le groupe utilise la Bourse pour lever des fonds et, notamment, agrandir Old Trafford.

Ce pari est marqué par la création de sous structures : MUTV (en 98), MU travel, MU merchandising, MU International, MU Finance (en 2001). En mars 2002, Sir Roy Gardner prend la suite de Sir Smith. Martin Edwards a vendu progressivement ses actions. Il n’en détenait plus que 17% en 2000 tout en restant majoritaire. En 2002, il ne lui en reste plus que 6% qu’il vend. Il se retire du club définitivement en 2003.

De nouveaux actionnaires apparaissent qui sont issues de compagnies davantage que d’individus voulant siégé au board. Ainsi John Patrick Mc Namus et John Magnier éleveur de chevaux et ami d’Alex Ferguson. Sous la dénomination de Cubic Expression, ils détiennent 8,7% des actions. Le groupe BskyB apparaît avec 10%. Harry Dobson, fortune de l’immobilier possède 6%.

L’arrivée en bourse marque un tournant dans la vie du club. L’objectif comme toute entreprise cotée est de satisfaire les actionnaires et de produire des bénéfices. L’économie prend le pas sur le sportif. Mais la logique économique n’existe que par la logique sportive qui s’exprime à travers les résultats du club.

Quatrième partie : 1999-2005-L’OPA réussie de la famille Glazer

Manchester United est un club prospère et devient en quelques années le club de football anglais, le plus riche du monde. Un club qui, en 2003-2004, a réalisé un chiffre d’affaires de 169,1 millions de livres et est parvenu à dégager un résultat imposable de 28 millions de livres (soit 16,5 % du chiffre d’affaires). Un cas quasi unique de réussite économique durable dans le secteur du football. Grâce à un contrat en or signé en 2000 avec Nike qui succède à Umbro, le club a externalisé son merchandising, mais reçoit en échange 303 millions de livres assurés sur treize ans et la moitié des bénéfices issus des ventes. Soutenue par 75 millions de supporteurs revendiqués de par le monde, c’est un énorme potentiel compte tenu des marchés qui restent encore à conquérir : l’Amérique et surtout l’Asie.

Cette potentialité n’ a pas échappé à Malcolm Glazer.

Fils d’un immigré lituanien peu fortuné, Malcolm Glazer grandit à Rochester, dans l’Etat de New York, et commence à travailler à l’âge de huit ans dans la fabrique familiale de pièces détachées pour montres. À la mort de son père en 1943, il prend les commandes de l’affaire et la développe. Avec le succès, il commence à investir son argent, d’abord dans l’immobilier d’entreprise, avant de se diversifier tous azimuts, du poisson aux maisons de retraite en passant par les chaînes de télévisions locales, la restauration rapide, la banque et le pétrole.

Au tournant des années 80, il fonde la holding First Allied, qui chapeaute ses différentes activités et n’est pas cotée en bourse. Au fil des années, il étend son empire immobilier dans 19 Etats américains, principalement dans la moitié est du pays, et amasse personnellement plus d’un milliard de dollars, ce qui le situe à la 278e place du classement 2004 du magazine américain Forbes des plus grandes fortunes mondiales.

Malcolm Glazer fait son entrée dans le sport en rachetant en 1995 le club de football américain des Tampa Bay Buccaneers, une franchise de la célèbre National Football League (NFL). Quatre ans plus tard, le club remporte le Super Bowl, la finale du championnat, pour la première fois de son histoire. Malcolm Glazer a des visées plus larges. Dès les années 2000, il prend des actions à Manchester United à hauteur de 6% et commence à grignoter actions par actions. On commence alors à parler d’OPA. Mais l’actionnaire majoritaire, avec 28,9% des actions est alors la société Cubic Expression, appartenant aux propriétaires irlandais de chevaux de course John Magnier et J.P. McManus. On les dit amis de Ferguson et donc on a conclu activement qu’ils sont attachés au club mancuniens. Début 2004, l’américain relance les spéculations sur sa prise de Manchester United Plc en portant sa participation au capital de United de 18,25% à 19.17%. En mars, il déclare qu’il n’a pas de plan pour faire une OPA sur United mais les rumeurs courent.

Effectivement, en octobre, Manchester United annonce que Malcolm Glazer Family Limited Partnership possède en réalité, au jour 72 441 888 actions soit environ 27.63% du capital du club. A ce moment, le nombre total d’actions de Manchester United est de 262,187,628 pour une valeur de 2£75 soit une valeur de 720M£. La famille Glazer entame alors les premières discussions avec Cubic Expression et avec le club. Malcolm Glazer possède alors 25,5%. A partir de 30%, il peut lancer une OPA. L’action passe à 285 pence. Glazer propose l’action à 3£ aux propriétaires de chevaux.

Les supporteurs sortent du bois et crient « Not for Sale ».
Le risque d’OPA se précise mais le conseil d’administration de Manchester United décrète cette OPA hostile car elle pourrait endetter lourdement le club. En février, la menace se précise. Plus de 6000 supporteurs manifestent avant le match contre l’AC Milan et envahissent symboliquement le mégastore.

Des soutiens se manifestent dont Sir Alex Ferguson : « Nous ne voulons pas que le club soit aux mains de n’importe qui. Shareholders United est une chance. J’invite fortement les fans à les rejoindre », Eric Cantona « Si Glazer met les pieds ici, nous perdrons beaucoup ou Ole Gunnar Solsksjaer « Je suis du côté des supporteurs et j’estime que le club est pour l’instant dans de bonnes mains. »

Pour en finir, le conseil d’administration donne l’ultimatum au 17 mai à Glazer pour faire une offre définitive aux actionnaires, estimant que l’incertitude qui plane n’est pas bonne pour le club. « Nous avons déjà dit que 300 pence par action était un prix raisonnable mais que le plan de reprise et les niveaux d’endettement prévus n’allaient pas dans les intérêts de United », estime à ce moment David Gill, directeur exécutif de MU, lors de la publication des résultats du premier semestre 2004-2005.

Malcom Glazer lance alors mi-mai l’assaut final, par l’intermédiaire de Red Football Group, la structure financière qu’il a crée pour acheter Man utd, un nouvel assaut pour devenir maître du club. Car entre-temps, il a fait lâcher prise à Cubic Expression qui réalise une belle plue-value, puis l’entrepreneur Harry Dobson (5% des actions). Détenteur de 76,2 % des actions, il fait une offre d’achat de 300p par action aux actionnaires possédant les 24,2% restant, offre à saisir avant le 13 juin. Glazer espère retirer de la bourse le club le 22 juin. C’est la banque Rotshild qui mène l’OPA pour le compte de Glazer. Les supporteurs déclarent le deuil en s’appuyant de noir pour la finale de FA Cup contre Arsenal.

David Gill est nommé directeur du club et Fergie reste manager. Les fils de Glazer rentrent au conseil d’administration.

Glazer a emprunté à trois grands fonds de pension américains: Citadel Horizon, Perry Capital et Och Ziff, lui prêtant 275M£ Si ces fonds de pensions ne sont pas remboursés avant 2010, ils récupéreront l’équivalent en action

Cinquième partie : 2008-20xx-Dans l’attente d’une ère nouvelle